(Helena) « Be a part of everything, the sky will thank you »

Un. Te voilà petite fille. Tu regardes ta mère, parce que pour une fois elle est là. Mais jamais elle ne fait attention à toi, jamais cette mère n'a été une vraie mère. Alors tu as cherché de l'attention, et tu t'es penchée sur la gazinière. Oh, sombre idiote, tu t'es brûlée gravement. Mais ta mère n'était pas une sorcière,et elle n'était pas grand chose d'ailleurs. Elle a bien tenté les plantes pour te soigner, sans grand succès. Alors tu gardes une cicatrice du ton épaule à ton avant-bras. Tu es brûlée à vie. Une marqué, sur ton bras gauche. Deux. Ma chérie, tu as ce qu'on appelle une particularité. Oh que oui, tu es particulière. Non, non, pas ton empathie, surement pas. Tu es ce que l'on appelle une fourchelangue. Oui, bravo, tu parles aux serpents. Je te l'avoue, dans la vie courante, ça ne sers pas vraiment à grand chose. Ah si, à faire de toi l'objet du rejet de la société. Personne ne t'a jamais aimé mon enfant, personne ne s'est jamais intéressé à toi après avoir découvert ça. Tu es une tâche. Voilà. Pas même ta mère, ni même ton géniteur. Trois. L'école, l'avant école. Tout ça, tu t'en fiches royalement. Personne n'avait envie d'avoir à faire avec toi. Tu es la solitaire dans son coin. Tu vois les ombres des mal intentionnés devant toi, les effrayés derrière toi. Tu n'as jamais été d'une grande intelligence dans les matières scolaires. Tu préférais fabriquer de tes dix doigts des avions en papier que tu laissais envoler d'un coup de baguette magique. Quatre. Tu n'es pas Mary Poppins, oh non. Et pourtant, on croirait que tu passes ton temps à suivre le vent qui tourne. Tu sais, la vie ne marche pas comme ça. Mais si tu y prends ton pied alors. Tu es eu beaucoup de conquêtes pendant tes voyages, peu d'attachements. Tu as conquis le travail, les cœurs. Tu as délaissé petits boulots pour grandes ambitions. Tu as quitté petits cons pour grands menteurs. Tu es passée par quatre chemin, mais toujours tu t'es retrouvée à Ottawa. Cinq. Tu l'as déjà dit, mais tes dix doigts sont les plus doués chez toi. Tu peux coudre, cuire, vendre, polir, découper. On t'a demandé des tas de choses. Tu les réussi toujours avec la meilleure applique que tu peux y mettre. C'est pour ça, que tu vaux cher ma jolie, et pas pour ta crinière de mouton rosée au soleil, oh non. Six. Le virus ma jolie. Il t'a dépouillée. Mieux encore que ne le ferait une bande de singes affriolés par de jolies pièces d'or. Tu étais particulière, tu es devenue un pion de la masse. Paf le chien. Tu as été attaqué dans les premières. Oh, tu t'en es remise, là n'est pas la question. Sauf que tes espoirs de vie nouvelle sans rejet se sont envolés. Non ma chérie, on t'as privée de ta liberté. Sept. Caveau de luxe mon enfant. Tu en a bien eu de la veine. On te dit de qualité, docile, bien éduquée et obéissante. Oh s'ils savaient. Peut-être te caches-tu derrière une loyauté sans failles. Et la jolie dame qui t'as achetée. Celle-là aussi, elle vaut de l'or, et tu as juré d'en prendre soin. Tu ne mérites pas meilleur travail pour le moment. Tu te sens jolie derrière ton titre de gouvernante, tu te sens importante. Et tu rêves, d'obtenir un jour à ton tour une gouvernante. Huit. Tu descends pas de ton piédestal, ma petite. Tu fais régner a loi et celle de la maison. Tu voues une haine profonde à tes inférieurs, parce qu'on t'a donné le pouvoir. Tu es intransigeante, brutale et sadique. Neuf. Et pourtant, tu es la bonne victime. Si un supérieur te demande de lui lécher les bottes, te voilà redevenue docile et obéissante. Tu es la victime silencieuse, la victime qui s'adapte. Tu ne cherches pas à éviter les coups, tu te lies. Oh, ils peuvent s'en donner à cœur joie sur ton corps, sur ton esprit. Tu hurles quand on te demande de hurler. Tu sublimes chaque torture que l'on pourrait vouloir te donner. Tu es la victime parfaite à celui qui souhaite jouer. Dix. Tu n'as tué personne. Tu a une trop grande part de lâcheté pour ça. Ta main ne sait pas porter le coup fatal. Elle sait faire dépérir, abimer, trancher, mais elle ne tue pas. Là,il te manque une petite part de sang froid. Onze. Tu as pensé un jour que tu ferais le trottoir. Tu as tenté, deux, trois nuits. Mais tu as eu raison de toi-même. Tu préfères être mère maquerelle que fille d'un soir. On ne te le reprochera jamais. Tu as fait tes expériences de vie. Douze. Tu n'as pas de vrai rêve. Tu vois difficilement dans l'avenir. Et même si tu sais te positioner sur tes ambitions, tu ne sais pas te projeter. Tu vis à l'advienne que pourra. Sans pour autant supporter qu'on te chamboule une deuxième fois tout ton monde. Pas de rébellion pour toi. Treize. Tu as horreur de dormir au sol, ou loin de ton lit. Tu es casanière, ma jolie, comme on dit. Mais tu n'as pas vraiment de maison. C'est ça ton problème. Tu te voiles peut-être un peu la face en pensant que le domaine où tu travailles est ton chez toi. Parce que si c'est le cas, tu n'auras plus jamais de vie. Oublies les enfants, le mariage, même si tu n'en as jamais rêvé, tu finiras par te rendre compte que tu es seule. Que tu as toujours été seule. Quatorze. Te ne cherches pas réellement d'ennuis. On te laisse aller et venir à ta guise, or, certains ne le voient pas du bon oeil. Tu es déjà passé sous la main de plusieurs hommes, ou femmes, qui n'apprécient pas réellement que tu sois placée si haut. Tu as failli y perdre une main, plusieurs fois. On abuse de toi, ma jolie. Et tu te plies. Mais si ta tête s'efface, ton corps aime. Et tu en redemandes, sans réellement être au courant. Tu te jettes dans les ennuis, à bras ouverts. Quinze. Le perfectionnisme, tu y mets un point d'honneur. Tu ne veux pas que l'on ai quoi que ce soit à te reprocher. Tu veux que tout soit parfait. Les inférieurs le savent, et ils ne s'en plaignent que dans ton dos. Tu acceptes peu de choses faites de travers. La cuisine, tu y tiens particulièrement. Tu t'amuses à les faire trembler, lorsque tu soupçonnes un poison de s'être glissé dans une assiette, et que tu les obliges à goûter, un par un.