CONTEXTE

Ottawa, de nos jours…

“J’suis pas malade moi…”

L’homme proteste tristement, assis dans un coin de la fourgonnette, menottes fermées. Toi et tes collègues policiers le ramenez chez son maître, du moins celui qui est décrit en tant que tel sur son dossier quand vous avez scanné le code-barre tatoué sur ses poignets. Quelques lignes qui ont statué de son sort et qui l’empêchaient de passer inaperçu au milieu de la foule de ceux qu’ils baptisaient – et baptisent toujours – les moldus. Ils n’avaient que mépris en disant ces mots, ils n’ont désormais plus que haine et crainte : la chute a été brutale et les conséquences désastreuses pour cette part de la population, surtout ici au Canada. Tu pourrais compatir s’ils n’avaient pas mérité ce sort : c’est ce que tu penses, toi comme tant d’autres à Ottawa et dans les grandes villes canadiennes.
A la base, il y a eu ce virus : personne n’a jamais su d’où il venait ni pourquoi il ne touchait que les sorciers. Il semblait à peine plus violent qu’une grippe sauf qu’une fois la fièvre tombée, les pouvoirs semblaient partir avec elle : la magie s’estompait et les sorciers se retrouvaient incapables de la manipuler sans danger, que ce soit pour eux ou pour les autres. La contagion semblait si rapide que la plupart ont commencé à paniquer : on ne savait même pas si elle se faisait par contact physique, par l’air ambiant ou même l’eau du robinet. Un virus tellement mystérieux qu’il mettait les esprits en émois et a affolé la population. Ils ont tous commencé à faire leurs valises, cherchant à gagner les frontières. Un mouvement de masse qui a inquiété les autorités sorcières des autres pays : avec cet afflux massif, le risque de contagion allait devenir si important qu’il aurait des répercussions mondiales. Les frontières ont été fermées, les sorciers renvoyés dans leurs pénates…
Mais la maladie se propageait et les esprits continuaient de s’échauffer. Jusqu’aux premières émeutes. Les gens voulaient savoir où étaient envoyés les malades, on s’offusquait des frontières fermées, on demandait la vérité sur toute cette histoire… Des émeutes qui pulvérisèrent la paix civile et amenèrent une flambée de violence à travers tout le pays, obligeant l’armée à intervenir de toute urgence. Des centaines de morts ont été comptés, des cadavres alignés sur les trottoirs en guise de une des journaux et l’état d’urgence décrété à travers tout le pays…
Ce furent des moments sombres mais autorités moldues et sorcières n’ont accordé aucune pause au gouvernement canadien : il était hors de question que les sorciers du monde entier soient touchés par ce virus. Il fallait le contenir à tout prix : entre pression étrangère et guerre civile intérieure, une seule solution viable a été trouvé. Enlever toute liberté aux sorciers canadiens de manière à pouvoir les contrôler et s’assurer qu’ils ne puissent jamais quitter le pays. Et au lieu de construire d’immenses prisons, vous avez rétabli une vieille loi qui semblait pourtant amorale et malhonnête : l’esclavage. Un moyen comme un autre de les contenir. Cela semblait presque logique à l’époque, et les moldus leur en voulaient tellement pour les bains de sang causés…
Cinq années sont passées et rien n’a changé en vérité : la nouvelle donne s’est même parfaitement intégrée dans la société, au point que ramener un esclave en fuite à son maître est devenue chose courante. Ils sont si peu à avoir échappé au code barre tatoué sur le poignet : quelques riches sorciers qui ont payé un lourd tribut et ont livré un membre de leur famille en otage pour conserver le luxe suprême de rester libres…
La question divise le gouvernement mais comme toujours, tu as surtout l’impression que tout cela relève de chamailleries politiques : certains veulent à tout prix conserver les choses en l’état alors que d’autres jugent ces mesures excessives… Ils crient, tempêtent, mais personne ne fait rien.
Lentement la magie semble quitter le Canada au fur et à mesure que le virus gagne de nouveaux individus, mais tant qu’il reste contenu dans les frontières, les autorités étrangères s’en satisfont et ferment les yeux sur les conditions de détention des sorciers. Tu as vu les marques sur le corps de cet homme et pourtant, toi aussi tu as fermé les yeux et tu es en train de le ramener à son tortionnaire… Non, son maître. Même le vocabulaire a changé. Il fallait croire que l’époque des sorciers était finie…
Les groupes

Le Gouvernement : Décisionnaires, ils sont à la tête du pays et tentent de préserver l’équilibre fragile qui s’est établi dans la société canadienne. Plusieurs partis s’y affrontent, soutenus par différentes parties de la population : un parti prônant l’esclavage mis en place et désirant garder le régime actuel, un parti plus humaniste privilégiant la liberté de tous et refusant le système, et un parti centriste qui pense avant tout à la sécurité et à l’économie du pays.

L’Armée : Entre rôle officiel et opérations officieuses, elle joue un double jeu : le système d’esclavage mis en place actuellement l’arrange et lui permet d’expérimenter différentes choses sur les cobayes ‘forcés’, tout en gagnant du pouvoir politique au sein des groupes dirigeants. Entre extrémisme et volonté de protéger le peuple, personne ne sait vraiment si on peut s’y fier.

Les sorciers : grandes victimes du virus, ils ont été reniés par leurs pairs étrangers et réduits au rang d’esclaves par les moldus canadiens. Ils se retrouvent prisonniers de chaînes incassables, dotés de pouvoirs fluctuants, affaiblis voire quasiment disparus pour certains, et ne peuvent pour l’instant que se soumettre à la situation actuelle et aux décisions politiques. Les quelques sorciers restés libres n’ont guère une vie plus agréable : pressions et culpabilité sont un poids de tous les jours.

Le Peuple : entre ressentiment envers les sorciers pour les morts tombés lors des émeutes, et compassion pour leur statut, le peuple se divise et les sentiments sont partagés. Mais personne ne reste indifférent à la situation : certains ont gagné de la main d’œuvre gratuite, d’autres des ‘jouets’ à torturer et d’autres des amis dans le besoin à aider. C’est là que se révéleront les grandeurs d’âmes et les noirceurs cachées.